Gibson L-0 de 1937, en excellent état d’origine et de conservation.
Les modèles soeurs L-0 et L-00 ont de tout temps compté parmi les flat-tops Gibson les plus populaires de la période pre-war. Ces deux modèles sont souvent confondus puisque leur format est identique et qu’ils ont eu à différentes moments les mêmes caractéristiques de finition – si bien que même Gibson eux-même ne savait pas toujours les distinguer ! La L-0, initialement dotée d’une table en acajou finie dans un vernis ambré, fut abandonnée au début des années 1930 au profit de la L-00, avant d’être réintroduite en 1937 avec une finition « noire ébène brillant », un cran en dessous de la L-00 à table sunburst, qui était comportait une finition noire lors de son introduction première en 1932… bienvenue dans le monde déroutant du catalogue Gibson d’avant-guerre !
Lors de sa réapparition en 1937, la L-0 se trouvait désormais en bas de la gamme des guitares flat-top, au prix défiant toute concurrence de 25 $ (plus étui). « Une authentique Gibson pour 25 $ » claironnait le catalogue, soit le même coût qu’une Martin 2-17 à la même époque – cette stratégie des petits prix traduit en outre les difficultés que doivent affronter tous les fabricants d’instruments à l’époque de la crise économique mondiale, Gibson se maintenant tout juste à flot en produisant une multitude d’instruments à bas coût sous d’autres noms de marque (Kalamazoo, Recording King, Cromwell…), distribués au plus grand nombre par le biais de catalogues tels que Montgomery Ward. Il est également intéressant de noter que la fin des années 30 représente l’époque où la guitare prend définitivement le pas sur les autres instruments produits par Gibson, notamment les mandolines et les banjos, auprès des classes moyenne et populaire. La L-0 est ainsi un exemple éminent d’un instrument de qualité professionnelle à un prix abordable pour les nombreux musiciens itinérants de la période, ainsi que pour la clientèle étudiante traditionnellement ciblée par Gibson avec l’entremise de leurs professeurs affiliés.
La guitare présentée ici est un rare cas de figure : nombre de ces Gibson flat-top d’avant-guerre ont été usées jusqu’à la corde et souvent réparées de manière douteuse, tandis que celle-ci ne présente qu’une légère usure et demeure exceptionnellement intègre quasiment neuf décennies après sa construction. La finition est joliment préservée avec un léger faïençage, la caisse est cerné d’un filet de celluloïd blanc et ornée d’une simple rosace à trois plis. On retrouve également le pickguard en celluloïd façon écaille de style « firestripe », un marqueur visuel important de l’époque. Le manche présente un profil en V assez peu profond avec une touche en palissandre. La tête porte le logo « Gibson » peint au pochoir blanc sur la face avant tandis que l’arrière arbore une marque au fer Made in the USA, signe que l’instrument était destiné à l’exportation. Enfin, la guitare comporte son chevalet d’origine en palissandre avec un sillet en os compensé et son jeu de mécaniques Kluson. Intégralement réglée et préparée pour le jeu dans notre atelier, avec planimétrie des frettes, réglage de l’action et de l’intonation aux sillets – restituant un confort de jeu et une intonation idéaux.
Livrée dans un étui BAM moderne, ajusté à la forme.