Gibson L-5 Master Model de 1930, en très bel état.
Ce magnifique et emblématique modèle est d’une importance historique considérable : les premières L-5 ont été à l’origine conçues pour compléter un orchestre de mandolines, tel que l’avait envisagé Orville Gibson dès le début du 20e siècle, avant de devenir avec leurs nombreuses émules les premières guitares « jazz » et la véritable force motrice des sections rythmiques des big band de la décennie suivante. À ses débuts en 1923-24, la L-5 était la première guitare archtop moderne associant des ouïes semblables à celles d’un violon, un manche à 14 cases hors-caisse et une touche surélevée. Au moment où le modèle présenté a été construit courant 1930, il prend sa place au sommet du haut de gamme de Gibson et n’avait alors pas de concurrence sérieuse. D’autres fabricants se lanceraient bientôt sur cette même voie (citons entre autres D’Angelico ou encore Stromberg), mais toujours à partir du mètre-étalon que constitue la L-5 originale.
Cela étant dit, la « Master Model » des années 1920 est aujourd’hui une guitare très rare : tout d’abord, son prix exorbitant de 275,00 $ a sans doute posé de sérieuses limites à sa dispersion initiale (en comparaison, une Martin 000-45 en bois exotiques d’exception et entièrement ornée de nacre coûtait 105,00 $ de moins à la même époque). De plus, il n’y avait pratiquement pas de marché pour de tels instruments : en 1927-28, à l’apogée de l’ère du jazz, le banjo était encore l’instrument généralement admis au rôle rythmique dans les orchestres, et il y avait par ailleurs très peu de guitaristes professionnels qui pouvaient se permettre ou même concevoir le besoin pour un tel instrument, si ce n’est une Maybelle Carter visionnaire aussi bien dans son style de jeu que dans son choix excentrique d’une guitare de luxe. Finalement, c’est par l’intervention d’Eddie Lang, le guitariste le plus influent de l’époque, que les vents commencèrent à tourner en faveur de la L-5. Au début des années 30, son choix se portant sur le modèle ouvre ainsi la voie à d’autres musiciens en vogue, dont Nick Lucas ou Roy Smeck, et offre enfin à Gibson une domination sur le marché de la guitare archtop qu’ils n’ont jamais perdue depuis.
Cette guitare porte son étiquette originale « Master Model », un vestige de l’époque de Lloyd Loar qui les signait de sa main jusqu’en 1924, et qui perdura après son départ de Gibson jusqu’en 1928-29 ; les instruments de style 5 qui portent une telle étiquette sont de ce fait particulièrement vénérés. En outre, elle présente toutes les caractéristiques typiques d’un « Master Model » L-5 de 1930, encore une fois héritées de l’époque de Loar : table sculptée en épicéa, fond, éclisses et manche en érable flammé (les motifs de l’érable sur le fond sont particulièrement remarquables), superbe finition Sunburst d’une grande finesse, le logo « The Gibson » et le motif flowerpot incrustés en nacre sur la tête, les mécaniques plaquées or, gravées de motifs et présentant leurs boutons de nacre, le cordier également plaqué or, le chevalet ajustable en ébène présentant le numéro de brevet PAT’D JAN 18-21… À noter, parmi les quelques stigmates des neuf décennies passées de cette guitare, une nouvelle touche en ébène non-originale et un pickguard ont été réalisés en copie de l’original, et l’on peut noter les restes de l’installation d’un pastille piézoélectrique, retirée à présent.
La guitare a été entièrement vérifiée, réglée et préparée par nos soins, de sorte à ce que l’on puisse désormais apprécier sa sonorité chaude et son volume généreux en tout confort.
Vendue dans son étui d’origine.
VENDUE