Splendide mandoline Gibson Style A-3 de 1920, en très bel état de conservation.
À partir de 1918, Gibson introduit une nouvelle apparence pour son modèle A-3, sous la forme d’une finition de table désignée comme « beautiful old ivory » (sic). Celle-ci démarque la mandoline A3 des autres modèles à la finition naturelle, « pumpkin », sunburst ou noire. Cette finition blanche est unique au modèle A-3, et employée seulement pour une courte période entre 1918 et 1923 – bien qu’en dehors de cette période, quelques rares mandolines auront été spécialement commandées pour cette couleur, elle ne devait plus jamais réapparaitre au catalogue après 1923, alors que Gibson cherchait à réduire la diversité des caractéristiques de leurs instruments afin d’augmenter leur rendu.
Pour agrémenter l’aspect monochrome de cette finition « ivory », Gibson dote également le modèle d’un double binding blanc et noir autour de la table, d’une rosace en filets noir et blanc contrastants, et d’un simple binding blanc autour du fond et du manche. Le pickguard ainsi que la partie plastique de sa monture sont réalisés dans une acétate de cellulose imitant superbement le grain de l’ivoire – ce matériau aussi est l’apanage du modèle A-3 pour les mandolines, bien que Gibson l’emploie également pour certains de ses modèles de banjo. Pour le reste, les caractéristiques sont identiques aux A-3 de pré-1918 : fond et éclisses en érable teinté, incrustations de perle « The Gibson » et en dessin floral sur la tête, cache-cordier gravé « The Gibson ».
L’instrument est par ailleurs équipé de son chevalet ajustable original en ébène, une grande nouveauté sur les instruments Gibson à l’aune des années 20. Cette pièce, inventée et brevetée par Ted McHugh (le chef d’atelier à l’usine de Kalamazoo de 1915 jusque dans les années 40), vient se substituer au chevalet fixe précédemment employé pour résoudre une problématique inhérente à la construction de mandolines à table sculptée : lorsque les instruments neufs quittaient l’usine, il arrivait fréquemment au cours de leurs premières années de jeu que sous la tension des cordes la table s’affaisse légèrement avant de se stabiliser dans sa forme finale. Or, ce mouvement du bois de la table nécessitait un retour à l’usine ou chez un artisan afin de placer une semelle sous la base du chevalet fixe afin de retrouver la hauteur souhaitée. Le chevalet ajustable répond parfaitement à ce problème, puisqu’il permet de régler la hauteur des cordes librement et à tout moment – ce design est un tel succès qu’on le retrouve encore de nos jours de façon omniprésente sur la grande majorité des guitares archtop ou hollowbody. Notons que Ted McHugh est également à l’origine du truss-rod, invention pour laquelle il obtient un brevet en 1923, cet autre élément étant tout aussi central au développement de la guitare au 20ème siècle et toujours systématiquement employé jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, on se rend compte à quel point la mandoline aura été un vecteur d’innovation et de modernité pour les décennies à venir, évidemment pour Gibson mais également pour l’industrie de facture instrumentale dans son ensemble qui s’appropriera et améliorera les concepts établis à Kalamazoo, il y a déjà un siècle !
L’instrument, du haut de ses 104 ans, témoigne d’une utilisation constante et soigneuse : on note une belle patine liée au jeu sur l’ensemble de son vernis; ses mécaniques ont été anciennement remplacées par un jeu haut-de-gamme plaqué or et doté de boutons en nacre. Cette mandoline a été intégralement optimisée pour le jeu dans notre atelier : planimétrie et polissage des frettes, confection d’une nouveau sillet de tête en os, ajustement de l’action et de l’intonation au chevalet. Ainsi, on retrouve tout le confort de jeu et l’intonation qu’il est possible de tirer de cette mandoline qui est, au temps de sa création comme aujourd’hui, un instrument d’une qualité inégalée !
Vendue dans son étui Geib original.