Exceptionnelle Selmer modèle Orchestre por†an† le numéro #383, cons†rui†e en 1934, en superbe état de conservation.
You’ll play better with a Selmer… C’est sous ce slogan qu’est introduit en 1932 un nouveau modèle de guitare à cordes acier, l’une des dernières oeuvres de Mario Maccaferri avant qu’il ne mette un terme à sa collaboration avec la maison Selmer en 1933.
Le début des années 30 voit l’explosion des orchestres de jazz, et avec elle une demande sans cesse croissante pour des guitares capables de rivaliser en volume avec les sections cuivres et bois des ensembles. Les américains sont les premiers à dégainer : ils ont alors presque une décennie d’avance, notamment avec la Gibson L-5, une archtop de 16 pouces de large sans cesse améliorée depuis son introduction en 1924 afin d’en accroître la puissance, de sorte à ce qu’au tournant des années 20 elle soit déjà devenue une guitare destinée par essence au jeu en orchestre – c’est cet emploi qui sera éminemment popularisé par le guitariste Eddie Lang. Dans la foulée des archtops Gibson viendront les premiers instruments construits par John D’Angelico et Stromberg, strictement voués aux musiciens des big-bands bourgeonnants et dont les proportions atteignent rapidement des mesures extravagantes : le ton est donné.
Devant cette invasion d’instruments d’outre-Atlantique qui parviennent jusqu’aux rives du Vieux Continent, et particulièrement à Londres où la scène jazz est florissante, M. Ben Davis, directeur de la branche anglaise de Selmer, reconnait la mane potentielle que pourrait apporter à sa propre boutique la commercialisation de guitares répondant aux demandes des jazzmen, seulement construites en Europe. Il sollicite alors Maccaferri, qui aura pour tâche de mettre au point une guitare capable de concurrencer les archtops américaines. Ce dernier, fort de son expérience auprès du luthier Luigi Mozzani à Cento, propose un modèle dont la lutherie est empruntée à la mandoline italienne : la table de l’instrument présente un pli sous le chevalet, de sorte à maximiser l’appui des cordes à cet endroit et ainsi augmenter de façon significative le volume sonore de la guitare. Autre méthode élaborée pour augmenter la projection de la guitare, un résonateur est fixé à l’intérieur de sa caisse avec pour but d’en réfléchir les vibrations vers l’extérieur à travers la large rosace dont la table est pourvue (cette caractéristique vaudra au modèle Orchestre le surnom de Grande Bouche). L’instrument fera mouche, preuve en est son adoption rapide par de nombreux guitaristes en Angleterre, en France et ailleurs en Europe – et, surtout, par nul autre que Django Reinhardt qui le fera rentrer dans la légende… and the rest is history!
Le modèle présenté ici nous parvient en magnifique état de conservation : il présente une belle patine qui caractérise les guitares approchant des 90 ans, et demeure essentiellement intact ! Tous les éléments d’origine de l’instrument sont présents : la table en épicéa, le fond et les éclisses en palissandre contreplaqué (un matériau véritablement novateur dans les années 30 !), le manche 3-pièces en noyer, chacun ces éléments comportant le vernis original, la touche en ébène avec son extension du côté aigus offrant un accès jusqu’à la 24e frette, les mécaniques et le cordier en laiton embouti comportant tous deux le sigle de la maison Selmer… La guitare, construite près d’un an après le départ de Mario Maccaferri, porte déjà les signes de l’éloignement progressif de Selmer des caractéristiques originelles établies par le concepteur de l’instrument, puisqu’elle a été construite sans résonateur : on peut en ce sens noter que l’etiquette originale de la guitare rectangulaire (non découpée donc) est collée sur le fond sous la rosace, et détaille le nom du modèle ainsi que le numéro de série #383 – ce genre d’etiquette apparait sur les modèles à grande bouche dépourvus de résonateurs (notamment les modèles Eddie Freeman) jusqu’à l’introduction des modèles à bouche ovale.
La guitare n’est affectée par aucune cassure ou réparation, et nous nous sommes attelés à la refretter et à en ajuster tous les paramètres de réglage afin de garantir sa parfaite jouabilité. À l’issue de ce travail l’instrument nous donne à entendre sa voix d’une puissance phénoménale, si bien que nous nous devons d’admettre que le modèle Orchestre remplit parfaitement le contrat quant à faire la concurrence aux archtops massives américaines. Au delà du volume, là où les graves sont souvent un peu en retrait sur les guitares de jazz françaises, ils arrivent sur cette guitare en équilibre parfait avec les aigus et la palette tonale est ainsi d’une grande homogénéité – le modèle avait été après tout conçu pour remplir aussi bien le rôle de soliste que celui d’accompagnement.
Vendue dans son étui d’origine en pegamoïd. Expertisée à la Galerie Casanova, vendue avec son certificat d’authenticité.
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