SELMER ORCHESTRE PETITE BOUCHE 1934 #403

28.850,00

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Date

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Sillet de tête

Diapason

Table

Fond et eclisses

Selmer Orchestre Petite Bouche #403 de 1934, en très bel état de conservation et de jeu.

Le début des années 30 voit l’explosion des orchestres de jazz, et avec elle une demande sans cesse croissante pour des guitares capables de rivaliser en volume avec les sections cuivres et bois des ensembles. Les américains sont les premiers à pourvoir les musiciens de tels instruments, avec en tête de proue de ce mouvement les guitares archtop telles que la Gibson L-5 qui deviendront les outils de prédilection du jazz bourgeonnant. Les fabricants d’instruments en Europe ne sont pas en reste, et c’est notamment Ben Davis, le directeur commercial de la branche anglaise de Selmer, qui saura reconnaitre le besoin des musiciens pour des instruments développant toujours plus de puissance sonore. Il rencontre alors Mario Maccaferri, concertiste et luthier italien originaire de la province de Ferrare, qui est alors à Londres pour enseigner la guitare et se produire. Maccaferri est déjà fort de plusieurs années d’expérience en tant que luthier, ayant appris ses techniques auprès de Luigi Mozzani, un artisan de renom installé à Cento (la ville natale de Maccaferri). Il présente à Ben Davis un concept de guitares novatrices qu’il a développé sur la base de son apprentissage auprès de Mozzani, dotées d’un pan coupé et d’un résonateur interne qui sont deux caractéristiques d’une grande modernité pour l’époque pour ce qu’elles apportent en termes de jouabilité et de procédé d’amplification acoustique.

Un contrat est passé entre Selmer et Maccaferri, et celui-ci vient s’installer en France en 1932 où il prend la tête du nouvel atelier dédié à la construction des guitares dans la manufacture de Selmer à Mantes-la-Ville. Cette collaboration durera deux ans, pendant lesquels est produite toute une gamme d’instruments dont des guitares classiques de concert, des guitares ténor, des guitares hawaïennes, et des guitares de jazz dites Orchestre. Ces dernières seront vite saisies par les guitaristes des orchestres de danse, auparavant rompus à l’usage du banjo et du banjo-guitare, qui retrouveront leurs marques sur les Selmer montées en cordes acier avec tout ce qu’elles ont a offrir de plus en musicalité et en aptitude au jeu soliste par rapport au banjo. C’est cet instrument dont s’emparera éminemment Django Reinhardt, ainsi que ses musiciens au sein du Quintette du Hot Club de France et tout leur entourage dans les années d’avant-guerre jusqu’au début des années 50 – portant à ses sommets la guitare Selmer dans une expression musicale inégalée jusqu’à nos jours.

Nous retrouvons ici une des variations les plus rares de la guitare Selmer à cordes acier, celle qui illustre probablement le plus explicitement ce que l’on connait comme la période de transition – c’est-à-dire, celle qui s’étend entre le départ de Maccaferri en 1934 et la fin des années 30, où sera formalisé l’aspect final du modèle Selmer avec 14 cases et une petite rosace ovale. Ainsi, on observe une combinaison de caractéristiques très particulière : le manche a encore tous les attributs de l’ère Maccaferri avec un profil de poignée assez rectangulaire, plus large au sillet de tête que les productions ultérieures, joint au corps à la 12ème case ; une petite rosace ovale, introduite en remplacement de la grande rosace initialement présente sur les modèles Selmer pour accommoder le résonateur interne – l’abandon de cet élément par les ouvriers assemblant les guitares après le départ de Maccaferri conduira à la modification de la rosace dès 1934, l’instrument présenté ici fait donc partie des tous premiers exemplaires dotés de la « petite bouche » ; l’étiquette collée à l’intérieur sur le fond comporte le nom du modèle Orchestre ainsi que le numéro de série de la guitare, mais le nom de Maccaferri est désormais effacé d’un trait d’encre.

Cette guitare demeure magnifiquement conservée à ce jour avec l’ensemble de ses parties d’origines, y compris son vernis, ses mécaniques et son cordier estampillés de la marque Selmer. Elle est passée par notre atelier où  nous nous sommes méticuleusement appliqués à sa restauration pour le jeu en prenant le soin de préserver son intégrité toute en garantissant sa parfaite stabilité et un fonctionnement irréprochable comme instrument de musique : le renversement du manche a été réajusté afin de retrouver une action souhaitable tout en maintenant un bon appui des cordes sur le chevalet ; l’instrument a été intégralement refretté avec des frettes correspondant à l’original ; un sillet guide-cordes en copie a été confectionné et ajusté sur l’instrument. Nous notons les traces d’un ancien pickguard ayant légèrement altéré le vernis de la table – la guitare comporte néanmoins son vernis original au tampon.

Vendue dans un étui moderne à la forme, accompagnée de son certificat d’authenticité réalisé par Jérôme Casanova.

 

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