Résonateur / Slide

Marque
Marque

LA GUITARE À RÉSONATEUR
Alors que l’ensemble des facteurs tente d’augmenter le volume sonore de la guitare en tirant inlassablement sur ses côtes au cours des années vingt et trente, les guitares de type National et Dobro proposent une solution mécanique et esthétique radicalement différente : un instrument à cordes acier fabriqué soit en métal, soit en bois et équipé d’un résonateur métallique – simple ou triple – dit “ampliphonic” ou “resophonic”.

En dépit de leurs proportions quasi similaires et de leurs allures extérieures souvent ressemblantes, les modèles dits National et Dobro revêtent des subtilités mécaniques concernant leurs résonateurs qui en font deux, voire trois instruments différents. Le résonateur triple est pour sa part très facilement reconnaissable : constitué de trois petits cônes en aluminium, deux disposés du côté des cordes graves et un du côté des cordes aiguës, les sommets de ces cônes sont reliés entre eux par l’extrémité d’une pièce de métal en forme de T renversé sur le côté gauche. Les cordes reposent sur le montant transversal du T reliant le cône aigu au montant vertical du T. Le résonateur simple joue sur le même principe, à ceci près que l’unique résonateur est fait d’un grand cône couvrant l’ensemble du ventre de la guitare. Le chevalet est cette fois-ci maintenu par la pression des cordes sur une pièce circulaire en bois appelée “bisquit” posée au sommet du grand cône. À ces deux types de résonateur similaires, réunis sous le nom d’“ampliphonic”, vient s’ajouter un second type de résonateur appelé “resophonic”. La pièce de métal qui forme le résonateur est une cuvette sphérique dont le centre conique est rentré vers l’intérieur de la cuvette ; en d’autres termes, le résonateur reprend la forme d’un haut-parleur.

La caisse des guitares entièrement métalliques est faite, du moins pour les premiers modèles, d’un alliage de cuivre, de zinc et de nickel. La finition peut être, selon les modèles, soit galvanisée, soit chromée uniforme ou richement gravée à l’acide, ou bien peinte avec parfois des dessins évoquant les plages paradisiaques des îles du Pacifique et leurs charmantes plaisancières. Les caisses en bois sont souvent en acajou ou en érable avec une table en épicéa. Les deux ouïes en forme de F ou les deux petites rosaces grillagées flanquent le bout de touche de chaque côté. Le manche de douze ou quatorze cases hors caisse est rapporté et le point d’accroche est un cordier métallique. Les mensurations des guitares de type Dobro sont sensiblement identiques d’un modèle à l’autre et, dans leur ensemble, les guitares de type National et Dobro développent un volume sonore particulièrement puissant, aussi puissant qu’elles sont lourdes diront leurs détracteurs, et leur timbre est reconnaissable entre mille. Le jeu “slide” en lap-steel sur un Dobro procure une longueur de son sans égal, mais ces instruments voués en premier lieu à la musique hawaïenne feront aussi la joie des musiciens blancs de country, et des bluesmen désargentés qui l’adopteront pour une poignée de dollars au moment où plus personne ne voudra entendre parler de musique hawaïenne ou plus simplement de guitares acoustiques ; c’est en soi un cas d’école de détournement d’une guitare de sa vocation première. Moins prosaïquement, on peut imaginer le spectacle assez saisissant d’un Son House (1902-1988), d’un Bukka White (1909-1977) ou d’un Black Ace (1905-1972) qui, bien loin d’Honolulu, égrène sa misère et ses tourments sur une guitare couverte de plages douces et de palmiers, de jolies danseuses fleuries et de nuages sereins.

On citera volontiers ici le nom du luthier Mike Lewis, installé en France depuis plus de quarante ans, créateur de la marque Fine Resophonic qui peut s’enorgueillir d’une clientèle internationale de véritables « connoisseurs » comme disent les Américains et qui compte entre autres Eric Clapton (1945).

Retour vers le haut